Projet collaboration IFAN-ISAC-EESI 2016-2018

Préambule

Il s’agit d’un document de travail qui regroupe les propositions pédagogiques que nous allons mettre en place à l’EESI au cours de l’année universitaire 2016-17.
Ce programme intitulé DAK’arc* permettra ainsi de préparer les étudiants de l’ESSI aux futures collaborations entre nos institutions. Il s’adresse à un groupe d’étudiants volontaires des 2e, 3e, 4e et 5e années de l’école. Un ensemble de cours, de journées d’études, de visites de musée, d’expositions et de rencontres avec des artistes et des théoriciens vont être organisés. Il s’agit pour les étudiants de découvrir d’autres manières de voir et de penser la diversité des cultures. Parallèlement à ce programme théorique et critique, les étudiants développeront des pratiques à partir de leurs propres recherches personnelles en résonance avec les contenus du programme. * arc : atelier de recherche et de création. L’arc est un dispositif pédagogique expérimenté dans de nombreuses écoles supérieures d’art en France. En général, plusieurs enseignants sont prescripteurs d’un arc. Celui-ci se définit autour de propositions et d’axes de recherches définis. L’arc croise pratique de la théorie, de la critique et de la technique.

Cadre général du projet

Le projet repose sur une collaboration entre : – l’EESI, Ecole Européenne Supérieure de l’Image (Poitiers/Angoulême)
– L’IFAN, Institut Fondamental d’Afrique Noire – Université Cheikh Anta Diop (Dakar)
– l’ISAC, Institut Supérieur des Arts et des Cultures – Université Cheikh Anta Diop (Dakar)

Objectifs
Sur la base d’une concertation commune entre les enseignants de l’IFAN, l’ISAC et l’EESI un projet de recherche et d’expérimentation artistique et théorique est en cours d’élaboration pour les années universitaires 2016/18.
En prenant comme point de départ un ensemble d’archives qui constituent le fond patrimonial de l’IFAN, dans les domaines de la photographie, le cinéma, les archives sonores, les sciences sociales et humaines, la géographie et l’archéologie, les étudiants et les enseignants de chaque école développeront des axes de recherches artistiques et théoriques personnelles. Ce patrimoine constitué depuis 80 ans fait l’objet de recherches scientifiques très nourries au travers des activités des différents départements de l’IFAN. Il constitue un centre de ressources matérielles très vaste et complet tout à fait adapté pour développer des collaborations singulières entre savoirs universitaires et pratiques artistiques contemporaines.
L’objectif de cette collaboration sera de faire se rencontrer et dialoguer des approches plurielles dans un contexte contemporain qui décloisonne les savoirs et les pratiques, interroge les histoires et les récits et permet par le croisement des expériences de produire une dynamique de recherche inventive.
Cette complémentarité des pratiques entre Sciences Sociales, Art Contemporain, Documents et Archives est au cœur des processus de recherche en Art, aujourd’hui. Dans cette perspective des formes artistiques et culturelles hybrides qui interrogent histoires, récits, images, formes documentées, et pratiques orales, les étudiants pourront explorer et expérimenter certaines problématiques qui nous semblent pertinentes dans ce contexte de partage des expériences, des savoirs et des pratiques.

**Propositions pratiques des étapes de la collaboration***
Deux séminaires d’études d’une durée de 7 jours chacun sont organisés dans le courant de l’année 2017, par l’IFAN et l’ISAC d’une part et par l’EESI, d’autre part. L’un se déroulera à Dakar et l’autre à Poitiers et Angoulême. Une rencontre à Dakar en Novembre 2016 à l’IFAN et l’ISAC avec l’ensemble des enseignants porteurs du projet permettra de fixer les contenus et leur organisation. Un document écrit fera la synthèse de cette première rencontre. Chaque institution est représentée par un groupe d’étudiants et des enseignants prescripteurs du projet. Ces équipes travaillent en amont, à la préparation des contenus des séminaires, avec un programme pédagogique qualifié. Le programme des séminaires comprendra des journées d’études avec des artistes et des théoriciens invités, des tables rondes, des conférences, des workshops, des visites d’expositions, des rencontres avec des professionnels du monde de l’art et de l’université. On peux envisager que ces séminaires débouchent sur une second étape de la collaboration. Ainsi, sur l’année 2017-2018, des expositions seront organisées dans chacun des pays en partenariat avec des espaces d’expositions et des institutions reconnus. Ainsi, par exemple, le Musée d’Angoulême, le Musée Théodore Monod, ou l’institut Français de Dakar pourraient devenir des partenaires très appropriés pour ce type d’évènements. D’autres lieux et partenaires peuvent être envisagés. La production d’une édition qui regrouperait à la fois les pratiques théoriques des enseignants et les propositions artistiques des étudiants est envisagée. Elle rentre naturellement en dialogue avec les projets d’expositions. Une plateforme numérique collaborative, comme espace d’échanges entre les étudiants et enseignants de nos institutions vient nourrir activement nos recherches croisées. L’EESI dans sa composante active autour des pratiques numériques se propose de mettre en place avec quelques étudiants cet outil.
* L’ensemble de ces propositions seront discutées et précisées en Novembre 2016 à Dakar.

Contenu et organisation de DAK’arc

Durant cette phase pédagogique de découverte, Il nous semble important de préciser les objectifs que nous proposons à nos étudiants de l’EESI. Dans le cadre de leur recherche, ils seront invités à accorder une attention particulière aux notions et questions suivantes.

· La question du point de vue. D’où se place-t-on pour voir, écouter et produire des formes à partir de contextes historiques et culturels pluriels ? A travers cette question du point de vue, seront abordées les notions d’ethnocentrisme et de relativisme culturel.
· Les enjeux d’interprétation et de ré-appropriation, des pratiques spécifiques aux formes documentées et aux archives. À ce titre, les collections de l’IFAN, patrimoine des Cultures d’Afrique de l’Ouest, représente un terrain d’investigation et d’exploration très riche.
· Méthodologie de la recherche artistique personnelle. Comment développer des expérimentations en décloisonnant les pratiques.
· Mondialisation? Accélération du flux des médias, des informations, des capitaux , accélération des échanges des idées et des œuvres. En revanche, qu’en est-il de la mobilité des artistes et de l’accessibilité à leurs œuvres selon leur niveau de vie et leur origine géographique? Le concept de « mondialité », comme poétique active, développé par Edouard Glissant.

Pour répondre à ces objectifs, nous allons organiser durant l’année universitaire 2016-2017 un programme de cours thématiques, des rencontres avec des artistes, des journées d’étude avec des théoriciens et des commissaires d’exposition et des visites d’expositions.

  • Organisation

Cours de 4H dispensés tous les 15 jours sur les 2 semestres 2016-17. Enseignants prescripteurs: François Delaunay et Colin Peguillan. Pourront s’y adjoindre d’autres enseignants de l’école et des invités extérieurs, selon les contenus abordés. Ainsi, des journées d’études, des conférences et des worshops sont prévus sur l’ensemble de l’année universitaires 2016-17. Une plateforme numérique collaborative sera crée. Elle rendra compte des échanges pédagogiques durant cette année universitaire 2016-17, sous des formes très diverses. Y seront déposés: toutes sortes de documents, photographiques, vidéographiques, dessins, archives sonores, exposés des étudiants*, etc, qui alimentent l’arc. Elle sera sous la responsabilité de deux étudiants, encadrés par Colin Peguillan. Cet outil sera partagé avec Les équipes de l’IFAN et l’ISAC.

1. Contenus

Il s’agit de donner aux étudiants des repères historiques et culturels, à partir de l’étude des concepts et des pensées inventés par certaines figures intellectuelles majeures des cultures d’Afrique, des Caraïbes et des Amériques. Par la suite, nous étudierons comment ces pensées, ces résistances, ces combats, ces engagements ont été accueillis, interprétés et ont aussi trouvés des soutiens et des engagements chez certains artistes, écrivains, cinéastes, anthropologues et intellectuels d’Europe et des États-Unis. Nous verrons ensuite, comment aujourd’hui, de jeunes artistes contemporains, de tous origines, se saisissent de ces questions historiques et développent des formes plurielles et hybrides dans notre monde globalisé.

Figures intellectuelles historiques* :

Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor, Franz Fanon, Aimé Césaire, Marcus Garvey, W.E.B. Du Bois, Alain Locke, Jean Price-Mars, Louis Delgrès, James Baldwin, Amadou Hampâté Ba, Jean Paul Sartre, Albert Camus, André Gide, Wole Soyinka, Victor Segalen, Michel Leïris, Claude Levis Strauss, Édouard Glissant, Alioune Diop. Jean Rouch, Marcel Mauss, Marcel Griaule, Ousmane Sembène, André Breton, Ki Zerbo, Mongo Beti, Georges Balandier … * Liste en cours d’élaboration.

Figures intellectuelles contemporaines* :

Souleymane Bachir Diagne, Achille Mbembe, Patrick Chamoiseau, Raphael Confiant, Mamadou Diouf, Toni Morisson, Derek Walcott, Maryse Condé, Ken Bugul, Paul Gilroy, Pap Ndiaye, James Clifford, Okwui Enwezor, Sally Price, Mahamat Saleh Haroun… * Liste en cours d’élaboration Artistes contemporains* Djibril Diop Mambety, Carol Rama, Georges Adéagbo, Chantal Akerman, El Hadji Sy, Alfredo Jaar, Ellen Gallagher, Barthélémy Togo, Solly Cissé, Marlène Dumas, Pascale Marthine Tayou, Alain Gomis, Frédéric Bruly Brouabré, Abdoulaye Konaté, Samul Fosso, Chris Ofili, Yto Barrada, Marie Voignier, Bouchra Khalili, Omar Victor Diop, Louis Henderson, Zineb Sedira, Chéri Samba, Kimsooja, Chen Zhen, Mohamed El Baz, Kader Attia, Francis Alÿs, Gabriel Orozco, Jeremy Deller, Jimmie Durham, Mounir Fatmi, William Kentridge, Oumar ly, Guy Tillim, Alice Diop, Issa Samb, Kapwani Kiwanga, Maria Theresa Alvez, Filipa Cesar, Till Roeskens, * Liste en cours d’élaboration.

2 – Ces repères historiques permettront de préciser et approfondir les notions complexes d’altérité, d’exotisme, d’ethnocentrisme, d’authenticité, de décentrement et de métissage. Celles-ci ont fait l’objet en France d’expositions qui ont suscité, débats nourris, controverses et prises de positions engagées. Nous étudierons donc les expositions mentionnées ci-dessous. Nous analyserons les choix et partis-pris des différents commissaires d’expositions. Nous échangerons sur les réflexions et les réactions qu’elles ont suscitées à l’époque et sur les analyses et points de vue qu’elles continuent d’alimenter encore aujourd’hui.

• Quand les Attitudes Deviennent Forme, 1969. Berne • « Primitivism » in 20th Century Art : Affinity of the Tribal and the Modern. 1984-1985. New York • Les Magiciens de la Terre, 1989. Paris • L’Autre, 1997. Lyon • Partage d’Exotisme, 2000. Lyon • Africa Remix, 2005. Paris • Les Maitres du désordre, 2012. Paris • Intense Proximité, 2012. Paris

3 – Nous étudierons la création et les enjeux du festival mondial des arts nègres (1966) dans son contexte historique, et ses éditions successives. Étude des différentes biennales de Dakar, (enjeux, rayonnement et portée internationale). Comme précédemment, nous analyserons les choix et partis-pris des différents organisateurs et commissaires d’expositions, ainsi que les retentissements que ces évènements ont eus sur la diffusion et la réception des artistes africains dans le monde. Seront aussi abordés la création des différentes manifestations internationales d’art et réseaux sur le continent africain depuis les années 2000, (biennale de Marrakech, de Bamako, de Cotonou, etc. Cela permettra aux étudiants de découvrir le foisonnement et la diversité des pratiques artistiques sur le continent africain.

4 – Nous étudierons les propositions de Clémentine Deliss, ancienne directrice du Weltkulturen Museum de Francfort, pour repenser le rapport aux objets ethnographiques en faisant appel aux interventions d’ artistes. Et plus précisément, l’exposition, El Hadji Sy, Painting, Performance, Politics, 2015. Cette partie du programme sera alimentée par les interventions de plusieurs invitées qui viendront faire part de leurs expériences respectives. Emilie Salaberry, attachée de conservation du patrimoine au Musée d’Angoulême – Collection extra-européennes, nous présentera ses missions au sein du Musée d’Angoulême et nous accompagnera tout au long de cette année universitaire. Emmanuelle Chérel, docteur en histoire de l’art, enseignante à l’école supérieure des Beaux-Arts de Nantes travaille actuellement sur un livre intitulé: «Où en est la question postcoloniale dans le champ de l’art en France?». Elle animera une journée d’études autour de sa recherche théorique. Et Patricia Solini, enseignante à l’école des beaux-Arts de Nantes viendra nous présenter son travail de commissaire d’expositions. Notamment, l’exposition intitulée, beautés.afrique@nantes, au Lieu Unique en 2004.

5 – Cinémas d’Afrique

2 journées d’études seront consacrées à la découverte de l’histoire des productions cinématographiques africaines. Elles seront encadrées par Jean-Claude Rullier qui a dirigé le Pôle d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel de la région Poitou-Charentes Cinéma et chargé de cours au département Arts du Spectacle de l’Université de Poitiers consacré aux cinématographies africaines. Il a fondé et dirigé l’ancien festival de cinémas africains de Loudun (Département 86).
Le contenu et le déroulement de ces journées d’études sont en cours d’élaboration.

6- Musiques d’Afrique et de la diaspora

Du Sahel au Mali, de l’Éthiopie au Soudan, du Congo à l’Afrique du Sud et avec certaines esthétiques satellites qui sont issues du Maghreb et des îles de l’Océan Indien, les musiques africaines forment un gigantesque puzzle sonore riche et complexe. Ces traditions musicales ont largement dépassé les frontières du continent africain pour irriguer l’ensemble du monde, notamment par le biais des musiciens issues de la diaspora. Aujourd’hui nombreux artistes contemporains revendiquent l’influence de la musique dans leur univers artistique. Cette thématique pourra être exploré par les étudiants. En lien : – Exposition Great Black Music (2014/Cité de la musique) – Exposition Folk art africain (créations contemporaines en Afrique subsaharienne) – Les ouvrages de Florent Mazzoleni : – Salif Keita, la Voix du Mandingue, ed. Demi Lune, coll. Voix du Monde, oct. 2009 – L’Épopée de la musique Africaine, Hors Collection, 2008 – Labels : Analog Africa, sublime Frequencies, soundway … – Notion d’afrocentrisme et d’afro-futurisme dans les musiques populaires noires américaines (De Sun Ra à Public Enemy en passant par Erika Badu…)

7 – Conférence de L’artiste Omar Victor Diop à l’EESi. Date à confirmer. Compte tenu de son emploi du temps très chargé, Il sera invité à venir faire un workshop sur l’année universitaire 2017-18.

8 – Une journée d’études avec l’artiste et cinéaste Alain Gomis. Il présentera sa filmographie et son dernier projet auxquels participent d’autres artistes. Les dates restent à confirmer. Une invitation pour un workshop en 2017-18 est prévue.

Liste des invités (à préciser et compléter)

• Emilie Salaberry, attachée de conservation du patrimoine au Musée d’Angoulême – Collection extra-européennes.
• Patricia Solini, commissaire de l’exposition « beautés.afrique@nantes ». Enseignante à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes.
• Emmanuelle Chérel, docteur en histoire de l’art, enseignante à l’école supérieure des BeauxArts de Nantes. Elle travaille actuellement sur un livre intitulé : « Où en est la question postcoloniale dans le champ de l’art en France »
• Alain Gomis, artiste et cinéaste.
• Jean Claude Rullier, ancien directeur du pôle d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel de la région Poitou-Charentes. • Omar Victor Diop, artiste. • Mbissine Thérèse Diop, actrice.

Bibiographie (en cours de rédaction) :

Présence africaine – Revue fondée en 1947 – http://www.presenceafricaine.com/
Cahiers d’études africaines, vol.39, n° 155-156. Prélever,exhiber.
La mise en musées. Documents – Revue, 1929-30
Aimé Césaire – Discourssur le colonialisme,suivi de Discourssur la Négritude,1987
Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal,1947
Franz Fanon – Peau noire, masques blancs,1952
Vincent Debaene – L’Adieu au voyage. L’ethnologie française entre science et littérature.
Françoise Héritier, anthropologue – de l’identique et le Différent.
Sigmund Freud – Totem et Tabou
Michel Leiris – L’Afrique fantôme, 1934
Souleymane Bachir Diagne – Léopold Sédar Senghor l’art africain comme philosophie,2007
Georges Balandier – Afrique ambigüe, Paris, Plon, 1957
Claude Lévi-Strauss – Tristes Tropiques.
Sory Camara – Gens de la parole, Essai sur la condition et le rôle des griots dans la société malinké,1975
Dominique Baqué – Histoires d’ailleurs. Artistes et penseurs de l’itinérance, 2006
Édouard Glissant – Traité du tout-monde, 1997
Amina Saïd et Édouard Glissant – Poétique de la relation, 1990 James Clifford – Malaise dans la culture. L’ethnographie, la littérature et l’art au XXe siècle,1996
Rosalind Krauss – Passages. Une histoire de la sculpture de Rodin à Smithson, 1997
Aby Warburg – L’Atlas Mnémosyne, 1921-1929
Victor Segalen – Essai sur l’exotisme : une esthétique du divers, 1978
Jean-Lou Amselle – Logiques métisses. Anthropologie de l’identité en Afrique et ailleurs, 1990 Cahiers d’anthropologie sociale- L’Art en transfert, 2015
Dits N° 14 – MAC’s Grand-Hornu – Ethnographie, 2010
Étienne Balibar – Très loin et tout près, 2006
Edward W. Said – L’orientalisme. L’Orient crée par l’Occident,1978, 1995 et 2003
Ibrahima Sow – La symbolique de l’imaginaire, 2008
Philippe Descola – Diversité des natures, diversité des cultures, 2007